Les urgences sanitaires liées au climat sont en augmentation en Afrique. Elles représentent, en effet, plus de la moitié des évènements de santé publique enregistrés dans la Région au cours des deux dernières décennies, d’après une analyse de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Cette analyse montre que 56 % des 2121 évènements de santé publique enregistrés dans la Région africaine entre 2001 et 2021 étaient liés au climat. La Région connaît une augmentation des urgences liées au climat, avec 25 % d’évènements liés au climat en plus signalés entre 2011 et 2021, par rapport à la décennie précédente.
La Journée mondiale de la santé a lieu le 7 avril sous le thème « Notre planète, notre santé ». L’OMS recommande notamment aux gouvernements, de donner la priorité au bien-être humain dans toutes les décisions clés, d’arrêter les nouvelles prospections et subventions aux carburants fossiles, de taxer les pollueurs et de mettre en œuvre les directives de l’OMS sur la qualité de l’air.
« Le changement climatique est l’une des plus grandes menaces pour l’humanité. Les fondements même de la bonne santé sont compromis par les évènements climatiques de plus en plus sévères. En Afrique, les inondations fréquentes et les maladies hydriques et à transmission vectorielle aggravent les crises sanitaires. Bien que le continent contribue le moins au réchauffement climatique, il en subit toutes les conséquences », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
L’analyse de l’OMS montre que les maladies hydriques ont représenté 40 % des urgences sanitaires liées au climat au cours des deux dernières décennies. En Afrique, les maladies diarrhéiques constituent la troisième cause de maladies et de décès des enfants de moins de 5 ans. Une proportion considérable de ces décès peut être évitée avec de l’eau potable sûre, une hygiène et un assainissement adéquats.
L’analyse montre également que les maladies à transmission vectorielle, notamment la fièvre jaune, ont compté pour 28 % des urgences sanitaires liées au climat, et que les maladies zoonotiques, essentiellement la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, figuraient au troisième rang des maladies les plus répandues. La fièvre hémorragique de Crimée-Congo est une maladie virale transmise aux personnes par les tiques et le bétail, avec un taux de mortalité allant jusqu’à 40 %.
Le nombre de catastrophes naturelles a aussi fortement augmenté depuis 2010, avec 70 % de l’ensemble des catastrophes naturelles qui ont eu lieu entre 2017 et 2021. Les inondations sont l’évènement le plus fréquent, représentant 33 % de toutes les catastrophes naturelles signalées.
L’Afrique est également confrontée à d’autres effets sanitaires considérables liés aux chocs climatiques, parmi lesquels la malnutrition et la faim dues à des conditions météorologiques défavorables à la production agricole, des difficultés sanitaires et de développement à long terme pour les enfants, ainsi que d’autres maladies infectieuses telles que le paludisme.
En Afrique, le changement climatique pourrait étendre l’éventail des zones à haut risque de paludisme, d’après un rapport du Centre mondial d’adaptation basé aux Pays-Bas. Bien que la mortalité due au paludisme soit passée de 840 000 décès en 2000 à 602 000 en 2020, la maladie reste une menace sanitaire majeure sur le continent.
Les effets du changement climatique devraient aussi ralentir les progrès contre la faim, avec 78 millions de personnes supplémentaires qui seront confrontées à la faim chronique en Afrique d’ici à 2050, d’après le même rapport.
L’OMS aide les pays à renforcer leur système de santé afin de les adapter, de les rendre plus résilients et à même de supporter les urgences sanitaires liées au climat. Parmi ces mesures figurent l’évaluation des faiblesses du système de santé, le développement et la mise en œuvre de mesures d’atténuation des conséquences nuisibles des crises sanitaires liées au climat sur la vie et la santé des personnes.
L’Organisation assiste également les gouvernements pour s’assurer que leur Ministère de la santé puisse efficacement coordonner, améliorer la connaissance et suivre les risques liés au changement climatique et les impacts sur la santé. Des progrès sont enregistrés. Par exemple, en Éthiopie, au Malawi, au Mozambique et en Tanzanie, l’OMS s’est efforcée de mettre au point avec les autorités sanitaires un système d’alerte et de riposte précoces afin de prédire le risque de maladies hydriques et à transmission vectorielle, et d’y répondre efficacement.
Face aux évènements de santé publique liés au climat, l’OMS adopte une approche dite « Une santé face à tous les dangers ». L’approche est basée sur le principe que la santé des humains, ainsi que celle des animaux et des écosystèmes sont interconnectées et nécessitent une approche coordonnée pour relever les défis. A cet effet, l’OMS travaille étroitement avec les experts et les organisations partenaires dans le domaine de la santé publique, animale, des plantes et de l’environnement pour réduire les risques de santé publique dus au changement climatique.
Par l’OMS