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RDC : Le Volcan Nyiragongo toujours un danger pour la population du Nord-Kivu

La ville de Goma au Nord-Kivu en République Démocratique du Congo a abrité du 19 au 21 Mars 2022 la première conférence internationale sur les volcans de la chaîne de Virunga. Il s’agit notamment du volcan Nyamulagira dont les coulées des laves peuvent atteindre  vingt ou trente Kilomètres de long mais qui se passent à l’intérieur du parc de Virunga et du Volcan  Nyiragongo qui a une activité qui se concentre dans son cratère principal et dont les éruptions menacent les populations de Goma et de Gisenyi.

Selon les experts, la  connaissance sur les volcans de Virunga est limitée dans le temps car elle remonte à la fin du 19ème siècle.

Les deux systèmes volcaniques sont distincts affirme BENOIT SMETS, chercheur au musée de l’Afrique centrale et à l’Université de Bruxelles.  Selon lui il n’y a pas de connexion hydraulique qui relie les deux volcans où le magma peut aller de l’un à l’autre. Les compositions des magmas sont très différentes mais ils peuvent s’influencer.  Quand l’un entre en éruption,  le changement de pression dans la croute peut influencer l’activité de l’autre.

Le volcan Nyiragongo qui est le volcan le plus dangereux du Nord-Kivu est déjà entré en éruption à trois reprises, en 1977, 2002 et 2021 mais les manifestations sont différentes.

« En surface les trois éruptions connues se ressemblent fort, on a des coulées des laves qui ont suivi les mêmes tracées. Mais en profondeur il y a des différences en 1977 et 2002 il y avait des signaux précurseurs qui se sont caractérisés par des tremblements de terre régionaux, des changements de températures dans les fissures éruptives, des variations brutales du niveau du lac des laves, et notamment une éruption majeure du Nyamulagira. Tous ces éléments précurseurs indiquent qu’il y a une déstabilisation du Nyiragongo et cette déstabilisation est liée à un apport des magmas profonds qui est venu vers la surface et qui a permis cette éruption.  En 2021 c’est différent, ici on n’a aucune trace aucune évidence d’un apport des magmas profond et donc c’est le système lac des laves à lui seul qui a créé cette éruption » fait savoir Dr BENOIT SMETS.

Prévention des éruptions

« Le Nyiragongo est très dangereux qu’il faut le surveiller pour pouvoir détecter les changements à temps, il faut continuer à améliorer les compétences de L’OVG, le renforcer en matière des finances et d’équipement parce que dans le futur il y aura encore des éruptions » affirme Dr BENOIT SMETS. Il ajoute qu’avec l’éruption de 2021 il a été constaté que les connaissances scientifiques restent limitées et que le qu’il y a risque se retrouver avec des éruptions qui sont différentes des éruptions passée. Il préconise aussi une bonne politique de gestion de la ville en évitant d’avoir les infrastructures clés dans les passages où on a des coulées des laves et préparer la prochaine éruption avec un plan de contingence qui tient compte des connaissances scientifiques et qui est adapté à l’évolution de ces connaissances dans le temps.

Le ministre congolais de l’aménagement du territoire Guy Loando a tenu préciser que la ville de Goma ne sera pas délocalisée mais plutôt étendue.

« Il s’agira d’étendre la ville pour que lorsqu’il y a activité volcanique au lieu que les gens se mettent à courir dans la panique ne sachant pas où aller on risque d’enregistrer plus des morts que l’éruption elle-même, donc il faut avoir un plan en terme d’aménagement pour dire que quand le volcan sera en activité tous ensemble avec la protection civile qui va sensibiliser la population  avec tous les acteurs qui rentrent dans la gestion de la crise et l’OVG avec  tous les équipements de dernière génération dont il dispose »

Professeur Adalbert Muhindo Directeur de l’observatoire volcanologique de Goma (OVG) salue les avancées enregistrées dans la surveillance des volcans de chaîne de Virunga car selon lui l’OVG dispose actuellement dix-huit stations sismographiques et utilise le GPS contrairement au passé.

Le ministre de la recherche scientifique José Mpanda, a fait savoir que les différentes recommandations fournies lors de cette conférence feront l’objet des profondes études pour prévenir des probables éruptions.  Cette conférence a été organisée par le ministère congolais de la recherche scientifique. Elle a connu la participation des scientifiques de la RDC et ceux en provenance de l’étranger.

Par Patrick Kahondwa