Le Docteur Denis MUKWEGE plaide pour l’érection de la Justice comme un levier majeur d’un Etat de droit ainsi qu’un levier d’une paix véritable et durable. C’était au cours de son échange ce lundi avec le chef de l’état dans le cadre des consultations nationales. Insistant sur l’impérieuse nécessité de lutter contre l’impunité, Dr MUKWEGE affirme qu’aucun développement n’est envisageable sans une bonne Justice.
Pour Dr MUKWEGE Une énième consultation n’a de sens que si elle s’attaque enfin aux problèmes urgents et prioritaires sans s’enliser dans des palabres interminables et les dialogues de sourds observés dans le passé.
« Dès à présent, il faudrait jeter les bases de ce changement en imposant une rupture avec les antivaleurs, les pratiques de corruption, le système qui nous a conduits au chaos actuel, et les hommes qui se sont compromis dans différents crimes de par le passé. Car, ce n’est pas avec ceux qui ont détruit notre pays, ceux qui ont été à la base de l’insécurité actuelle que nous résoudrons les crises auxquelles nous sommes confrontés et que nous bâtirons un avenir meilleur ».
Denis MUKWEGE ajoute par ailleurs que la lutte contre l’impunité dans le pays passera par l’application des recommandations du Rapport Mapping des Nations Unies sur les violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises sur le territoire de la RDC entre 1993 et 2003.
« Ce rapport exhorte les autorités congolaises à recourir aux instruments de la justice transitionnelle pour baliser le chemin de la réconciliation et de la paix. Par ailleurs, la gravité des crimes commis dans notre pays, depuis 1990 jusqu’aujourd’hui, invite notre Gouvernement à saisir le Secrétaire Général des Nations Unies et solliciter au Conseil de sécurité la mise en place d’un Tribunal Pénal International pour la RDC afin de juger les auteurs nationaux et étrangers, étatiques et non-étatiques de ces atrocités ».
MUKWEGE estime par ailleurs que le décollage du pays restera hypothétique sans des réformes institutionnelles ambitieuses, courageuses et profondes qui devraient inclure la réforme des secteurs de la sécurité, de la justice et de la CENI.